lundi 5 février 2018

AFRIN au 17ème jour de l'invasion

Face à la résistance acharnée et organisée de longue date par les kurdes du YPG/YPJ et des FDS en général, l'armée turco-islamistes se trouve devant une impasse de taille.

Il existe plusieurs raisons permettant d'expliquer le fiasco qu'est pour le moment cette opération.


Le niveau de préparations des kurdes

La première erreur de la Turquie, fût de sous-estimer la préparation des kurdes d'Afrin.  Dès la fin 2014 le canton subit des pressions de la part d'Al-Nostra et le PKK a déjà prédit l'intervention de la Turquie à plus ou moins long terme. Dès lors la formation de bataillons réguliers YPG/YPJ va s'effectuer intensivement durant trois ans sans discontinuer.

Outre cette préparation de combattants et combattantes, on assistera aussi à l'organisation d'une défense tactique basée sur des fortifications, bunkers, tranchées, positions de tir permettant de contrôler sous divers angles de tir les voies de communication locales.


La détermination des kurdes

Pour les kurdes la chose est entendue: la Turquie et ses alliés islamistes paieront au prix du sang chaque mètre carré du sol d'Afrin. La Turquie qui s'attendait à un flot de réfugiés provenant de cette région suite à ses premiers bombardement s'est retrouvée fort dépourvue avec ses camps improvisés lorsque l'heure fut venue. 

Afrin abrite plusieurs communautés (Yézidis, Chrétiens, Alévis, ...) qui ont tout à craindre d'une invasion par la Turquie, celle-ci étant passée maître dans l'épuration ethnique et le génocide. Autant dire que la population apporte tout son soutien au gouvernement autonome de la région. Le confédéralisme-démocratique mis en oeuvre comme dans toute la Confédération de Syrie du Nord et qui permet à chacun d'apporter son aide dans la mesure de ses moyens, présente ici un aspect inattendu: les personnes ne pouvant aider physiquement à cause de leur age par exemple, ont constitué des groupes de prière pour la victoire...

Le relief


Le relief d'Afrin constitue un formidable avantage pour les combattants kurdes. Ils connaissent le terrain sur le bout des doigts...de pied! Ce qui est loin d'être le cas des alliés djihadistes de la Turquie plus habitués à la guérilla urbaine qu'à crapahuter par monts et par vaux.
Et, c'est là que cela se complique pour l'armée turque, car pour envahir la région elle a besoin de ses chars à 6.7M$ pièce et donc de les exposer aux tirs de missiles dont la portée est de 3km. Et les YPG/YPJ en possèdent... un certain nombre. On notera que certains de ces missiles des (konkurs) ont été saisis par les kurdes dans un camion en provenance de Turquie à destination des FSA il y a de cela quelques mois.

L"incompétence tactique de l'armée turque

Sujette à de nombreuses purges dans le rang des officiers depuis bien longtemps et particulièrement depuis le pseudo coup d'état, l'armée turque n'est plus que l'ombre d'elle même et particulièrement au niveau de commandement sur le terrain.
Tout se passe comme si l'improvisation était de règle. Les attaques massives et coordonnées avions-chars-artillerie-troupes en un point semblent inexistantes. Sans doute la prédiction annonçant qu'Afrin serai le Vietnam d'Erdogan a été entendue par les militaires turcs. En tout cas ils donnent vraiment l'impression de faire la guerre à reculons et par procuration en utilisant la main d'oeuvre servile djihadiste.

Les djihadistes


L'avant-garde de la conquête d'Afrin est constituée de groupes djihadistes disparates réunis par la Turquie pour l'occasion. Chez eux la barbarie se dispute à la bêtise. Erdogan les ayant déjà manipulé avec leur départ d'Alep, ils se sont vus promettre Afrin en échange de leur départ d'Idlib. Le régime syrien, lui, s'en félicite et commence a en recueillir les fruits.

Mise à part leur fanatisme et leur objectif d'instaurer la sharia dans la région, d'exterminer tous les kuffars à portée de leur couteaux, ce ne sont pas de bons combattants, ils ne sont pas à la hauteur des combattants ET combattantes kurdes. Il faut noter qu'il existe des tensions entre certains groupes ainsi que des tensions avec les soldats turcs.

Le sentiment de servir de "chair à canon" risque de s'imposer à eux rapidement si les combats continuent à s'enliser, de plus en leur défaveur.

Prédictions

Que l'invasion d'Afrin soit un fiasco n'est pas une prédiction mais une constatation. Sur le terrain, l'armée turque n'a réellement entreprit que des bombardements de civils (elle en a déjà l'expérience avec les villes kurdes de son territoire), et n'a put en aucun cas concrétiser la moindre prise stratégique. Il reste donc deux possibilités: l'enlisement (difficile à tenir diplomatiquement et militairement) ou le retrait, par une pirouette dont Erdogan a le secret.





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